Alors qu’il vient tout juste d’être présenté en première mondiale au TIFF, Solo prend l’affiche au Québec ce vendredi. Mediafilm a rencontré sa réalisatrice et son principal interprète.
Dans Solo, Simon (Théodore Pellerin), une drag queen en pleine ascension, s’engage dans une relation toxique avec un nouveau collègue (Félix Maritaud), tandis qu’il tente de renouer avec sa mère (Anne-Marie Cadieux), une chanteuse d’opéra de passage en ville après 15 ans d’absence.
Sophie Dupuis : Je connais Théodore depuis Chien de garde, et nous sommes des amis maintenant. En dehors de l’aspect professionnel, je vois évoluer une personne que je trouve magnifique. C’est facile de travailler avec Théo. J’aime son regard et sa bienveillance sur ses personnages. J’ai beaucoup appris de son approche dès Chien de garde, parce qu’il avait décidé que son personnage, Vincent, même s’il était difficile à aimer, on allait l’aimer. Depuis, j’écris différemment. Cette bienveillance a même eu un impact sur mon quotidien.
Théodore Pellerin : Oh, je ne savais pas ça… Sophie, pour moi, c’est des collaborations décisives, des points tournants. Chien de garde est arrivé à un moment où déjà, je n’avais presque plus envie de jouer. Je commençais à étouffer et à me sentir limité dans le jeu. Le travail avec Sophie m’a complètement libéré et c’était la première fois que j'éprouvais autant de plaisir à jouer. Ce sentiment s’est répété sur les autres films, d’autant plus que Sophie me propose des rôles et des projets fascinants. En plus d’être mon amie, d’être quelqu’un que j’aime et j’estime, elle m’offre un espace inégalé, ce qui est essentiel pour déployer une spontanéité.
SD : J’étais déjà fascinée par l’art de la drag. Je consommais beaucoup de contenu sur le sujet et je pense que cet univers s’est imposé à moi. J’aime tout de cette forme d’art et j’admire la polyvalence des ces artistes qui, au-delà du maquillage, doivent créer des personnages, des looks… Elles doivent savoir jouer, danser, divertir une foule. Il y a quelque chose de libérateur, d’éclaté, de nécessaire.
TP : Je crois que j’avais une fascination avant que ce ne devienne plus «mainstream» et que RuPaul présente sa série télé et ses tournées. J’étais interpellé par la marginalité et la force de caractère qu’il faut avoir pour affirmer son identité. Je me souviens, enfant, que les personnages transgenres, ou de drags, étaient perçus avec une connotation très négative. Depuis, ça a énormément changé. Et je trouve que dans le contexte actuel, c’est ce qui fait la force du film. On n’est pas dans une problématique sur la drag ou sur l’homosexualité. On se retrouve face à des personnages qui existent, au coeur d’une histoire d’amour.
TP : Il y a eu un certain travail de collaboration d’écriture. Je ne suis pas scénariste, mais j’ai un bon instinct pour amener des éléments qui peuvent bonifier l’arc d’un personnage. Au-delà de ça, je me base complètement sur ce que Sophie a écrit.
SD : Théodore et moi avons une façon de travailler où on collabore beaucoup dans la création. Dans ce cas-ci, on savait depuis le début qu’il allait tenir le rôle principal, et on a commencé à parler du projet alors que j’étais en écriture. Il a lu les premières versions du scénario qu’il a commenté. Il a pu s'approprier le personnage tôt dans le processus. Ça a beaucoup servi le personnage de Simon, mais aussi le film.
SD : La recherche musicale est arrivée très tôt dans le projet, car on devait déterminer des looks et des chorégraphies autour d’une chanson ou d’un style musical. Ça été tout un casse-tête, notamment pour les enjeux de droits, mais aussi pour trouver la bonne musique qui allait coller à l’ambiance des numéros.
SD : D’avoir à tourner avec une jambe cassée… J’avais peur que mes collaborateurs pensent que je n’allais pas être capable de mener le bateau! Mais on dirait que ça a fédéré tout le monde et je me suis sentie soutenue dans l’aventure.
TP : Chaque rôle est un défi, mais c’est surtout un défi intérieur. Pour moi, c’est ça…
SD : Je pense que, et je ne veux pas parler pour Théodore, mais peut-être que pour d’autres, le travail d’exploration de la physicalité, de la féminité, en passant des journées en talons, en costume, avec la danse et les chorégraphies, a été un défi.
TP : C’est vrai qu’il y a eu un défi d’endurance physique.
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