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2024-07-20 Frédéric Bouchard

Mike Flanagan : 7 questions au nouveau maître de l’horreur

Le Festival Fantasia remettra dimanche son Cheval Noir [son prix honorifique] au cinéaste américain Mike Flanagan. Entrevue avec un prodige du cinéma d’horreur contemporain.

À son actif, sept longs métrages: Absentia, Oculus, Hush, Before I Wake, Ouija - Origin of Evil, Gerald’s Game et Doctor Sleep. Et cinq séries télévisées: The Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor, Midnight Mass, The Midnight Club, The Fall of the House of Usher. Scénariste, réalisateur, monteur et producteur, l’Américain Mike Flanagan a façonné un univers gothique, inventif et angoissant, reflet des tourments mélancoliques de ses personnages hantés.

Qu’est-ce qui vous a mené au cinéma de genre ?

Étant plus jeune, j’étais très effrayé par le cinéma d’épouvante. Je me suis plutôt tourné vers la littérature. J’ai commencé à lire Stephen King, qui m’a ouvert les yeux sur le potentiel du genre. J’ai alors revisité les œuvres cinématographiques marquantes de l’horreur et j’ai réalisé que de passer au travers une scène effrayante ou un film terrifiant me rendait plus brave. Pour moi, le film de genre est un exercice de courage que le public peut utiliser pour affronter ses peurs et ses craintes.

Votre carrière a débuté avec Absentia, un film tourné avec 70 000 $ grâce à une campagne de sociofinancement. Est-ce que cette méthode a influencé votre manière de faire des films ?

Absolument. J’ai été chanceux de percer en tant que cinéaste indépendant D.I.Y. [do it yourself, ndlr]. Absentia représente une posture que j’avais alors que je n’arrivais pas à convaincre Hollywood de me laisser faire un film. La solution était de le créer par moi-même.[...] Le genre de l’horreur est très gratifiant pour les cinéastes qui prennent des risques et sont prêts à employer au maximum les ressources mises à leur disposition pour raconter une bonne histoire.

Les fantômes sont très présents dans vos films et vos séries télé. Mais, vos histoires parlent surtout de deuil et du passé. Vous semblez obsédé par ces thèmes.

(Rires). J’ai toujours du mal à comprendre le trauma, la mort, la perte et la manière dont le passé forme notre présent et notre futur. Les fantômes, dans mes histoires, ne sont que des dispositifs métaphoriques pour incarner ces idées qui me préoccupent et pour lesquelles nous n’avons aucune réponse.

Quels films d’horreur ont influencé votre travail ?

Au-delà des grands maîtres de l’horreur comme Wes Craven, John Carpenter et Park Chan-wook, j’ai toujours été attiré par des œuvres à propos de l’expérience humaine, comme All That Jazz, Lawrence of Arabia et Paris, Texas. C’est la beauté de mon travail : trouver mon inspiration dans des films qui n’appartiennent pas au genre de l’horreur. La raison est que je ne regarde jamais ces récits comme des histoires d’épouvante, mais bien comme des histoires humaines.

Au fil du temps, vous avez créé une famille d’acteurs avec qui vous retravaillez souvent (Kate Siegel, Henry Thomas, Carla Gugino, Bruce Greenwood). Qu’est-ce que cela vous apporte du point de vue créatif ?

Lorsqu’on travaille avec un acteur, il se crée une bulle où on travaille très intensément et qui éclate aussitôt le tournage terminé. La vraie joie pour moi est de voir ces acteurs approcher un nouveau personnage ou explorer un rôle que je ne les soupçonnais pas capables de jouer. Ça rend le processus d’écriture encore plus stimulant puisque les personnages deviennent pour eux des occasions de pouvoir m’épater et de se surprendre eux-mêmes.

Netflix a joué un rôle décisif dans votre carrière. Est-ce que le visionnement sur demande et la salle de cinéma peuvent coexister ?

Il y a une tension naturelle entre l’accessibilité, la disponibilité, l’offre écrasante des plateformes et l’expérience traditionnelle en salle. Je crois profondément que les deux peuvent coexister et s’enrichir mutuellement. De trouver le juste équilibre entre les deux est le défi que l’industrie tente de relever depuis des années. Pour moi, c’est une conversation fluide et en mouvement, car on apprend tous en même temps comment tout ça peut cohabiter.

Votre prochain film est The Life of Chuck, une nouvelle adaptation d’une œuvre littéraire de Stephen King. Pourquoi, après Gerald’s Game et Doctor’s Sleep, revenez-vous à cet auteur ?

Stephen King est mon auteur préféré. The Life of Chuck est un cas particulier, car ce n’est pas un film d’horreur. Il représente pour moi une occasion de faire un film que je n’avais jamais eu la chance de réaliser avant. C’est le projet sur lequel j’ai le plus aimé travailler et j’ai hâte que les gens le découvrent.

Voir ici la programmation du festival Fantasia

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