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2024-05-29 Frédéric Bouchard

La virtuose intrépide : Glenda Jackson en 7 rôles

The Great Escaper, à l’affiche le 31 mai au Québec, marque le chant du cygne de la grande Glenda Jackson. Retour sur la carrière d’une actrice multiple.

Née à Birkenhead en Angleterre, Glenda Jackson est décédée en juin 2023 à l’âge de 87 ans, quelques mois après la fin du tournage de cette comédie dramatique marquant également l’ultime apparition du comédien Michael Caine au grand écran.

De la scène au grand écran, l’Anglaise a façonné une impressionnante filmographie la menant jusque sur la scène politique, dans les couloirs du Parlement britannique. Dans The Great Escaper, elle joue avec talent la frêle et fougueuse épouse d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale.

Sur une période de sept décennies, elle s’est démarquée par sa polyvalence, son dévouement et son engagement créatif. En voici la preuve, fois sept :

Marat / Sade (1966)

Dans le rôle de la révolutionnaire française Charlotte Corday, qu’elle a interprétée précédemment sur les planches, Jackson oscille entre fragilité psychologique et fougue déchaînée. L’adaptation cinématographique que Peter Brook fait de sa propre pièce offre à l’actrice britannique l’occasion de se révéler au grand public avec une composition intense et tourmentée de l’assassin de Jean-Paul Marat.

Women in Love (1969)

Artiste vivant dans une ville minière des Badlands en 1920, Gudrun Brangwen encapsule la montée du mouvement de libération des femmes et la révolution sexuelle s’opérant à la fin des années 1960. L’actrice britannique insuffle une gravité aux déchirements sentimentaux de son personnage imprévisible, complexe et sensuel. Son interprétation lui vaut un premier Oscar de la meilleure actrice.

The Music Lovers (1970)

Après Women in Love, cette évocation de la vie et de la carrière de Tchaikovsky marque la seconde de six collaborations avec le cinéaste Ken Russell. Jackson y incarne Antonina Miliukova, femme nymphomane du compositeur russe. Luttant contre la maladie mentale et les désirs refoulés d’un mari aux prises avec ses propres démons, le personnage se révèle vulnérable, tendu et éloquent entre les mains de l’actrice.

Sunday Bloody Sunday (1971)

Pour interprétér Alex Greville, une divorcée dégourdie qui partage son amant avec un médecin juif homosexuel, le réalisateur John Schlesinger (Midnight Cowboy, Marathon Man) croyait que la comédienne britannique serait «stoïque et théâtrale». Elle propose plutôt un portrait sensible d’une femme déterminée, refusant de subir l’hésitation romantique de son partenaire, à l’époque considérée comme choquante.

Mary, Queen of Scots (1971)

Face à Vanessa Redgrave, resplendissante dans le rôle-titre, Jackson personnifie une Elizabeth Tudor autoritaire et vulnérable. Aux prises avec des conflits intimes et politiques, la souveraine qu’interprète l’actrice se caractérise par sa perspicacité, ses caprices et sa détermination. Grâce à une présence à l’écran des plus … royales, l’actrice reprend le rôle dans une minisérie diffusée sur BBC la même année.

A Touch of Class (1973)

Encore un personnage de divorcée pour Jackson ! Elle défend ici une créatrice de mode amorçant une liaison avec un Américain marié. Avec un timing comique insoupçonné, elle partage une irrésistible chimie avec George Segal et parvient à traduire l’agitation intérieure de son personnage. Plus légère, sa performance lui permet de décrocher son second Oscar et la propulse (enfin !) vers les collines d’Hollywood.

Stevie (1978)

Glenda Jackson s’adresse directement au spectateur pour lui raconter la vie de la poétesse anglaise Stevie Smith, personnage qu’elle a d’abord joué sur scène. Le récit se concentre sur le quotidien que l’excentrique auteure partage avec sa tante, en banlieue de Londres. Sarcastique et touchante, l’actrice se confie sur l’adolescence, les déceptions amoureuses et la mort, thème central dans l'œuvre de l’artiste.

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