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2024-05-30 Martin Bilodeau

Bonnard, Martin et Cécile…

Dans Bonnard, Pierre et Marthe, à l’affiche le 31 mai, Martin Provost brosse le portrait du peintre français impressionniste par le filtre de sa muse, interprétée par Cécile de France.

Plus de quinze ans après Séraphine, le scénariste et réalisateur français trace, avec humour et romantisme, un nouveau portrait d’artiste. Et celui de sa mystérieuse épouse Marthe, fille de charpentier et de couturière, qui s’est présentée à lui comme une aristocrate sans attaches. De la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, Pierre et Marthe se sont aimés.

Entrevue croisée avec le cinéaste et son actrice.

D'où vient votre fascination pour Bonnard?

Martin Provost. De ma mère, qui était peintre. À dix-huit ans, elle a renoncé à sa carrière pour épouser un bel officier tout juste rentré d'Indochine. Je pense qu'elle m'a légué sa souffrance, ses frustrations, mais aussi le désir de témoigner, de façon très inconsciente, de la manière dont les femmes de cette époque étaient assujetties à leur mari et n'avaient pas de liberté. [...] Et ce qui m’a donné envie de faire le film est de constater à quel point le visage de Marthe n'était pas défini dans les peintures de Bonnard.

Vous jouez une personne qui a rêvé sa vie. C'est aussi un peu le rôle d'une actrice. Voyez-vous un parallèle à faire entre Marthe Bonnard et vous?

Cécile de France. C'est une preuve d'intelligence que d'avoir eu l'idée de s'inventer un nom de princesse italienne pour accéder à la classe sociale de Pierre et échapper à son passé douloureux. Elle s'invente cette histoire parce que les femmes dépendaient des hommes à cette époque. Moi, je m’invente des vies pour m'amuser, alors que pour elle, c’était une souffrance. Elle a payé les frais toute sa vie de son idée de génie, jusqu'à en devenir folle.

Dans votre film, on sent toute la grandeur du mouvement post-impressionniste des Navis. En même temps, le récit demeure très intime et centré sur Pierre et Marthe.

Martin Provost. Je ne voulais pas tomber dans le biopic, qui est pour moi la reconstitution historique dans toute son horreur. J'ai lu ce qu’il y avait à lire et j'ai intégré toute l'histoire de l'époque. Je n’avais pas envie de m'attarder sur le pourquoi du comment, ni sur les réflexions qu'on pouvait avoir sur la peinture de cette période. Je tenais à me rapprocher le plus possible d'une vérité que personne ne connaît. Et c’est à travers une histoire d’amour franchissant le tournant du siècle que j’avais envie de la transmettre.

Comment avez-vous abordé l’interprétation et votre complicité avec Vincent Macaigne ?

Cécile de France. La première fois qu’on a lu le scénario, Vincent et moi étions très émus. On s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un biopic sur Pierre ou sur Marthe, mais bien d’une histoire d’amour. Ça nous a propulsés dans une collaboration joyeuse, créative et respectueuse.

Quelles sont les particularités de représenter la peinture et l'art visuel à l'écran ?

Martin Provost. Faire un film sur la peinture demande un travail particulier puisqu’il faut arriver à entrer dans l'œuvre. Et cette démarche avec l’invisible n’est pas que technique. Évidemment, avec Guillaume [Schiffman, le directeur photo], on a poussé les couleurs et on a rééquilibré certaines choses pour que la nature ressorte à l’image. On a surtout travaillé la matière et on a cherché une lumière qui ne soit pas représentative des films historiques. Elle devait être très crue, belle, chaude, vivante et vibrante.

Plusieurs auteurs, écrivains comme intellectuels, ont écrit sur Marthe Bonnard. Elle est décrite comme un personnage mystérieux. Mais elle éprouvait une phobie sociale, de peur d’être démasquée.

Cécile de France. Deux phrases m'ont vraiment aidée à aller à la rencontre de ce personnage. Annette Vaillant a écrit qu’elle avait «les yeux acides d'une fixité végétale». Martin m'avait dit dès le départ: «C'est un personnage qui n'est pas la même quand elle est en société et quand elle est dans la nature». Il fallait trouver les deux Marthe. Et puis Thadée Natanson a dit : «elle avait d'un oiseau le goût de l'eau et la démarche sans poids, celle qui vient des ailes».

Propos recueillis en janvier 2024 par Martin Bilodeau durant les Rendez-vous du cinéma français à Paris.

Photo : Cécile de France Crédit : Carole Bethuel

Photo : Martin Provost Crédit : Guy Vivien

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