Après avoir raflé les prix du jury et de la mise en scène à Cannes avec The Lobster et The Killing of a Sacred Deer, Yórgos Lánthimos concourt de nouveau pour la Palme d’or avec Kinds of Kindness.
Troisième collaboration entre le cinéaste grec et l’actrice Emma Stone après The Favourite et Poor Things, Kinds of Kindness dissèque le jeu cruel de l'amour à travers trois récits dans lesquels les comédiens, dont Willem Dafoe, Jesse Plemons, Margaret Qualley, Hong Chau et Joe Alwyn, se glissent dans la peau de différents personnages.
Durant la conférence de presse, le réalisateur, accompagné de ses complices, a notamment évoqué sa démarche créative, son rapport aux acteurs et son intérêt pour un cinéma décalé, qui défie toute convention.
On en retient 7 déclarations marquantes :
Yórgos Lánthimos. Le processus de répétition commence toujours par l'aspect physique et l'expérimentation au lieu de l'intellectualisation. Je pense que lorsque vous avez une structure, une histoire et des personnages solides, il ne vous reste plus qu'à créer physiquement ce qui deviendra le film. Le corps est très important pour moi. Je ne le maltraite pas, du moins pas sur le plan pratique. Je pense qu'il s'agit simplement d'observer la vie. Qu'est-ce que le cinéma si ce n'est les personnes qui le composent et leurs corps ?
Willem Dafoe. Yórgos vous donne un bon point de départ, vous y allez, vous essayez de vous appliquer aux mots, aux actions. Il vous observe, il y réfléchit. Ce qu'il veut ou ce que vous voulez n'est pas toujours clair, mais c'est le processus. [...] C'est un vrai plaisir parce que c'est très concret. Yórgos vous apprend à atteindre [votre personnage] sans être prétentieux ou pointer les choses.
Yórgos Lánthimos. Je pense qu'il est tellement plus valable que les gens qui regardent le film aient leur propre point de vue [...] Il y a tellement de gens dans le monde, d'origines, de cultures et d'expériences. J'espère que tous percevront quelque chose de légèrement différent. Il m'est très difficile de donner des réponses sur mes films, ce qu'ils sont et ce qu'ils devraient être. Je suis beaucoup plus intéressé par la perception des autres sur mon travail.
Emma Stone. Maintenant, je me sens extrêmement confortable avec [Yórgos]. J'ai l'impression que je peux faire n'importe quoi avec lui parce que nous avons travaillé ensemble si souvent. Je lui fais confiance au-delà de toute relation que j'ai pu avoir avec n'importe quel réalisateur. Et j'ai eu la chance de travailler avec de grands cinéastes. Nous avons quelque chose que je ne peux pas expliquer et j'en suis très reconnaissante.
Yórgos Lánthimos. Je pense que mon travail et celui des autres reflètent le monde. [...] Je pense qu'il est décalé, étrange, fou et triste, la plupart du temps. Cela fait partie de mes films. Il est aussi ridicule et drôle et cela doit se traduire dans ce que nous faisons au cinéma.
Emma Stone. Je suis une féministe, que ça prenne la forme d'activisme ou non. Je pense que lorsqu'il s'agit [des personnages que j’incarne], ce sont simplement [parce qu’ils évoluent dans] des histoires qui me semblent intéressantes en tant qu'actrice. Je ne sais pas si je suis vraiment le type d'actrice qui a besoin de faire un film pour son message particulier. Je trouve simplement le personnage et le monde dans lequel il évolue intéressants. Et j'ai envie de les explorer.
Yórgos Lánthimos. J'ai eu la chance de faire les films que je voulais faire tout au long de ma carrière [...]. Je n'ai pas l'intention de faire de grands ou de petits films. Ce n'est pas ma préoccupation. Ce qui compte, c'est d'être capable de réaliser ce que nous essayons de faire. Ce film est beaucoup plus modeste que Poor Things. Il se peut que le prochain film le soit encore plus. Ce qui compte, c'est d'avoir une liberté de création et de travailler avec des gens en qui j’ai confiance et que j’apprécie.
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