Fr. 2023. Comédie dramatique de Cédric Kahn avec Denis Podalydès, Jonathan Cohen, Emmanuelle Bercot. Trahi par son producteur, un cinéaste engagé à raconter fidèlement une lutte ouvrière doit convaincre les membres de son équipe de poursuivre le tournage pour une fraction de leur salaire. Lettre d'amour aigre-douce au monde du cinéma. Scénario délibérément décousu juxtaposant deux conditions ouvrières parallèles. Grammaire expressive. Bons interprètes. (sortie en salle: 2 août 2024)
Trahi par son producteur, un cinéaste engagé à raconter fidèlement une lutte ouvrière doit convaincre les membres de son équipe de poursuivre le tournage pour une fraction de leur salaire. Lettre d'amour aigre-douce au monde du cinéma. Scénario délibérément décousu juxtaposant deux conditions ouvrières parallèles. Grammaire expressive. Bons interprètes. (sortie en salle: 2 août 2024)
Réalisé dans la foulée du PROCÈS GOLDMAN, MAKING OF est la lettre d'amour de Cédric Kahn au cinéma. Une lettre aigre-douce, un brin cynique, loin des transports romanesques de LA NUIT AMÉRICAINE, par exemple, ou des envolées lyriques de 8 1/2. Plus prosaïquement, Kahn jette un regard sur le monde ouvrier et celui (du cinéma) qui s'attache à le projeter à l'écran. Mais l'effet-miroir se situe là où on ne l'attendait pas, soit dans la juxtaposition de deux conditions parallèles (les ouvriers d'usine; les ouvriers du film), qui génère une tension entre les devoirs moraux du réalisateur (excellent Denis Podalydès). Tout cela est très habilement raconté, de manière délibérément décousue, avec moult plans d'ensemble et plongées sur la cour d'usine, qui donnent passagèrement à l'ensemble l'aspect d'un champ de bataille. Jonathan Cohen est excellent en star égocentrique, qui synthétise tout ce que le cinéaste exècre de l'industrie à l'intérieur de laquelle il trace intelligemment son sillon.
Texte : Martin Bilodeau