É.-U. 2023. Drame de moeurs de Jeff Nichols avec Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy. Dans les années 1960, l'évolution d'un club de motards du Midwest, de confrérie inoffensive à bande criminelle organisée, à la lumière du témoignage de l'épouse d'un de ses membres. Peinture de milieu elliptique inspirée du livre du photographe Danny Lyon. Grammaire visuelle et reconstitution d'époque modestes. Excellente J. Comer. (sortie en salle: 21 juin 2024)
Dans les années 1960, l'évolution d'un club de motards du Midwest, de confrérie inoffensive à bande criminelle organisée, à la lumière du témoignage de l'épouse d'un de ses membres. Peinture de milieu elliptique inspirée du livre du photographe Danny Lyon. Grammaire visuelle et reconstitution d'époque modestes. Excellente J. Comer. (sortie en salle: 21 juin 2024)
Aux poings ou au couteau. Voilà comment les membres des gangs de motards, dans les années 1960, réglaient leurs comptes, entre eux ou entre bandes rivales. C'est dans ce "temps béni" (d'avant les armes à feu et le trafic de stupéfiants à grande échelle) que Jeff Nichols (TAKE SHELTER, MUD, LOVING) nous reporte dans THE BIKERIDERS. L'action de cette peinture de milieu minimaliste (par la modestie de la grammaire visuelle et de la reconstitution d'époque) se déploie sur un peu moins de dix ans. Principale narratrice du récit elliptique, Kathy jouée avec maestria par l'Anglaise Jodie Comer (révélée dans la série "Killing Eve") assemble les épisodes par ses témoignages au micro du photographe Danny Lyon, dont le livre a inspiré le film. Cette mise en abyme n'est qu'une des nombreuses bizarreries contenues dans cet exercice un peu monotone et vaguement nostalgique. Nichols se penche sur les amitiés viriles, les guerres de clans, le pouvoir séducteur, mais il reste muet sur la dynamique économique du groupe et ses aspirations, et subliminal vis-à-vis les tensions socio-politiques de l'époque (le mouvement de la contre-culture, la guerre du Vietnam). Avec pour résultat un film réussi, si on le mesure à sa propre ambition, mais plutôt insatisfaisant, si on le mesure à la nôtre.
Texte : Martin Bilodeau