L’AVIS DE MEDIAFILM

Sébastien Pilote (LE VENDEUR, LA DISPARITION DES LUCIOLES) a tourné dans son Saguenay-Lac Saint-Jean natal cette adaptation fidèle du roman de Louis Hémon. Fidèle étant le maître-mot de l'affaire. Ainsi, contrairement aux précédentes versions réalisées par Julien Duvivier, Marc Allégret et Gilles Carle, Maria et ses prétendants ont ici l'âge des personnages, soit la fin de l'adolescence. La fidélité au texte de Hémon (dépouillé et tissé de micro-événements) s'étend jusque dans le traitement rugueux, miroir des conditions de vie des personnages, et la superbe photographie de Michel La Veaux, qui rend compte de la force de la nature au gré des quatre saisons. À cet égard, la séquence du défrichement en groupe de la terre du père Chapdelaine, un passage d'une valeur quasi documentaire, est à lire comme un hommage vibrant au courage et à la ténacité des colonisateurs du territoire québécois. Soucieux de rappeler au spectateur pressé la vitesse de l'horloge aux temps jadis, Pilote fait tique-taquer son film sur 159 minutes. Ce courageux parti pris ne produit pas toujours l’effet contemplatif souhaité, mais il permet de prendre la pleine mesure de l'envergure esthétique de cette production hors normes. Bien qu'elle ne rende pas toutes les nuances de la pensée muette de son personnage, la nouvelle venue Sara Montpetit campe une Maria assez attachante. Mais c'est Hélène Florent, dans le rôle-pivot de la mère, qui se révèle la plus émouvante.