Fr. 2003. Drame psychologique de André Téchiné avec Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet. En juin 1940, une institutrice parisienne veuve, ses deux enfants et un adolescent mystérieux se réfugient dans une maison abandonnée à la campagne. Récit initiatique bien mené, déjouant souvent les attentes du spectateur. Atmosphère bucolique traversée d'efficaces moments de tension. Réalisation précise bénéficiant d'une caméra très mobile et expressive. Interprétation solide et nuancée. (sortie en salle: 11 juin 2004)
En juin 1940, une institutrice parisienne veuve, ses deux enfants et un adolescent mystérieux se réfugient dans une maison abandonnée à la campagne. Récit initiatique bien mené, déjouant souvent les attentes du spectateur. Atmosphère bucolique traversée d'efficaces moments de tension. Réalisation précise bénéficiant d'une caméra très mobile et expressive. Interprétation solide et nuancée. (sortie en salle: 11 juin 2004)
Depuis l'intéressant mais inégal ALICE ET MARTIN en 1998, nous n'avions pas eu de nouvelles d'André Téchiné, son film suivant, LOIN (2001), tourné en vidéo numérique à Tanger, étant demeuré inédit au Québec. Or, pour notre plus grand bonheur, Téchiné revient en grande forme avec LES ÉGARÉS, parvenant à faire de ce film de commande (une première pour lui) une oeuvre éminemment personnelle. De fait, avec l'aide de son scénariste et complice de longue date Gilles Taurand, le talentueux réalisateur a su extraire du roman de Gilles Perrault ses propres thèmes de prédilection, dont les relations familiales conflictuelles, le difficile passage à l'âge adulte, la force dévastatrice du désir sexuel, etc. Débutant par une scène de guerre d'une effroyable authenticité, LES ÉGARÉS se transforme ensuite de façon étonnante en une oeuvre paisible au ton bucolique, bien loin de l'horreur des combats qui faisaient alors rage. Les tribulations champêtres de cette insolite famille reconstituée sont toutefois traversées d'efficaces moments de tension, mais au cours desquels les auteurs continuent à déjouer les attentes des spectateurs. La mise en scène très précise bénéficie d'une caméra mobile et expressive, attentive aux mouvements erratiques des personnages, tous incarnés de façon solide et nuancée.
Texte : Louis-Paul Rioux