Fin. 2002. Comédie dramatique de Aki Kaurismäki avec Juhani Niemela, Markku Peltola, Kati Outinen. Devenu amnésique après avoir été battu et dévalisé par des voyous, un homme est recueilli et soigné par des gens démunis. Sujet grave abordé avec humour et beaucoup d'humanité. Critique sociale sous-jacente. Réalisation sans fioriture mais assurée. Jeu impassible des interprètes.
Devenu amnésique après avoir été battu et dévalisé par des voyous, un homme est recueilli et soigné par des gens démunis. Sujet grave abordé avec humour et beaucoup d'humanité. Critique sociale sous-jacente. Réalisation sans fioriture mais assurée. Jeu impassible des interprètes.
Si JUHA, le film précédent d'Aki Kaurismäki, se voulait une sorte de retour aux origines du septième art, le début de L'HOMME SANS PASSÉ renvoie pour sa part à certains classiques du cinéma d'horreur (L'HOMME INVISIBLE, FRANKENSTEIN, etc.), comme pour établir d'entrée de jeu la frontière artistique entre réel et fiction. En adoptant le point de vue de son protagoniste amnésique, le réalisateur habille d'un certain suspense cette réflexion sur la quête de l'identité. Grâce à un jeu volontairement impassible, les interprètes donnent à leur personnage l'impression de ne pas croire tout à fait à ce qui leur arrive, permettant ainsi d'éviter les passages presque obligés de sensiblerie au profit de l'émotion brute. L'HOMME SANS PASSÉ s'inscrit tout naturellement dans l'oeuvre du cinéaste finlandais, qui a toujours su porter aux petites gens une attention empreinte de beaucoup d'humanité, tout en condamnant par le biais d'un humour atypique plusieurs injustices sociales. Ainsi, à l'aide d'une réalisation sans fioriture mais toujours assurée, et de dialogues peu nombreux mais fort significatifs, le monde de Kaurismäki prend vie sous nos yeux, telle une version "jovialiste" de la misère.
Texte : Jean Beaulieu