Après avoir abandonné leur voiture, deux amis se perdent dans le désert et errent pendant des jours. Récit dépouillé. Remarquable composition visuelle. Climat poétique et étrange. Rythme lent. Jeu minimaliste des deux interprètes.
Gageure impossible ou pied-de-nez à Hollywood? Avec GERRY, Gus Van Sant opère une cassure avec la sensiblerie plutôt convenue de ses récents GOOD WILL HUNTING et FINDING FORRESTER. Dans de magnifiques paysages aux lumières changeantes, le cinéaste s'amuse à faire zigzaguer ses deux étranges personnages, alors que le spectateur ne sait rien de leur passé, de leur quête présente et des liens qui les unissent. Scénario et dialogues en grande partie improvisés au fil du tournage, composition remarquable d'un environnement singulier (un désert improbable, amalgame des vastes étendues de l'Argentine, de la Californie et de l'Utah), tension dramatique réduite au minimum alors que l'urgence d'une telle situation appelle souvent bien des clichés sur des affrontements brutaux, tout dans GERRY s'affiche de manière subtile et épurée. Van Sant crée ainsi un climat poétique et étrange, finement soutenu par la musique d'Arvo Part, utilisée avec parcimonie. Matt Damon et Casey Affleck proposent un jeu minimaliste en parfaite concordance avec le caractère quasi expérimental de cette curieuse aventure.
Texte : André Lavoie