Le réalisateur espagnol nous revient au grand écran avec Étrange façon de vivre, un western gay de 30 minutes tourné sur les terres de Sergio Leone.
À ce jour, Pedro Almodovar a réalisé pas moins de 22 longs métrages. La chose est connue et tout cinéphile qui se respecte a vu l’un ou l’autre ou plusieurs de ses grands crus tels que Femmes au bord de la crise de nerfs, Talons aiguilles, Tout sur ma mère, Parle avec elle, Volver, etc.
Mais qui savait que celui qu’on appelait autrefois le Prince de la Movida a aussi tourné 17 courts métrages? Dans sa jeunesse, pour la plupart, mais le cinéaste madrilène de 74 ans a récemment renoué avec ce format.
D’abord en 2000 avec La voix humaine, d’après Cocteau, mettant en vedette Tilda Swinton. Puis, cette année, avec Étrange façon de vivre, un western de 30 minutes inspiré de la mythologie léonienne et du motif central de Brokeback Mountain.
Fait exceptionnel pour un court métrage, le distributeur Métropole Films le programme en salle à Montréal et à Québec dès vendredi, en diptyque avec La voix humaine.
Étrange façon de vivre est avant tout un objet de curiosité. Un truc étrange, justement, presque insolite, commandité par la maison de haute couture Saint Laurent, qui signe chemises à carreaux et bobettes longues.
Ça vous intrigue? Attendez de connaître l’histoire : un rancher (Pedro Pascal) traverse montagnes et désert pour retrouver le shérif d’une “boomtown” (Ethan Hawke), qui fut son amant 25 ans auparavant. L’alcool ravive la flamme durant la nuit mais un vent l’éteint au petit matin. Et pour cause : le fils du premier a tué la belle-sœur du second. Le tandem amoureux bascule dans l’affrontement féodal.
Tourné dans les studios d’Almería en Espagne, là où Sergio Leone a mis en scène sa célèbre Trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars; Pour quelques dollars de plus; Le bon, la brute et le truand), Étrange façon de vivre n’atteint pas la puissance visuelle de ces modèles, malgré les efforts consentis par Almodovar pour les pasticher.
Par contre, les sentiments, les couleurs et jusqu’aux polices de caractères du générique, sont de sa palette. Et le duo/duel réminiscent rappelle fortement celui de Douleur et gloire, son film le plus ouvertement autobiographique à ce jour. Terrain connu pour terrain connu, c’est encore le sien qu’on espère fouler quand apparaît à l’écran en grosses lettres majuscules : Un film de Almodóvar.
