L’AVIS DE MEDIAFILM

Ce thriller existentiel offre une métaphore prenante sur le rôle et l’importance de l’art dans nos vies, les limites de notre humanité, celles de la technologie omnisciente, et même la solitude inhérente à notre condition. La mise en scène, étonnamment assurée pour un premier long métrage de fiction, maintient le cap jusqu’à la toute fin, magnifiée par des cadrages tirés au cordeau, aussi rigoureux que somptueux. Vasilis Katsoupis ne privilégie pas le réalisme à tout prix. Cependant, l’odyssée intérieure de ce Robinson Crusoé urbain comporte certains développements peu vraisemblables qui heurtent la logique interne du récit. Quant à la prémisse, originale et ingénieuse, elle manque de souffle. Reste un film où les quelques mots prononcés ont peu d’importance et dont la force réside dans cet alliage de lumière et de son qui fait la beauté du cinéma. Tantôt christique, tantôt simiesque, beau et laid à la fois, Willem Dafoe porte le film sur ses épaules, avec une présence et un charisme dignes des plus grands acteurs du cinéma muet.

Texte : Éric Fourlanty