Iran. 2022. Drame de Jafar Panahi avec Jafar Panahi, Reza Heydari, Mina Kavani. Dans un village iranien proche de la Turquie, un cinéaste tourne clandestinement un film et devient témoin d’une histoire d’amour interdite entre deux jeunes gens. Formidable profession de foi envers le cinéma. Dimensions éthique et politique remarquables. Mise en scène et en abyme d’une force et d’une simplicité exemplaires. (sortie en salle: 20 janvier 2023)
Dans un village iranien proche de la Turquie, un cinéaste tourne clandestinement un film et devient témoin d’une histoire d’amour interdite entre deux jeunes gens. Formidable profession de foi envers le cinéma. Dimensions éthique et politique remarquables. Mise en scène et en abyme d’une force et d’une simplicité exemplaires. (sortie en salle: 20 janvier 2023)
S’il est vrai que la nécessité est mère de l’invention, Jafar Panahi est passé maître dans l’art de l’ingéniosité créative. Dans AUCUN OURS, il affine et approfondit son système mis en place depuis 2010, quand l’État iranien l’a assigné à résidence et lui a interdit de tourner pendant 20 ans. Loin de toute autofiction, Panahi se met en scène, lucide mais sans aucune amertume, pour dresser un portrait de son pays aux prises avec la dictature mais aussi avec ses traditions, des plus belles (l’hospitalité comme façon de vivre) aux plus archaïques (les mariages arrangés). Si l’existence même de ce film est un acte politique pour le réalisateur emprisonné depuis juillet 2022, c’est aussi une formidable profession de foi envers le cinéma. En effet, la mise en scène, d’une force et d’une simplicité exemplaires, joue de la mise en abyme à la manière d’un Robert Morin, mêlant réalité et fiction sans distinction, posant des questions éthiques qu’on ne se pose plus beaucoup – Que doit-on filmer? Jusqu’où peut-on filmer? – et tendant un miroir implacable au pouvoir islamiste de Téhéran, kafkaïen comme tous les régimes totalitaires.
Texte : Éric Fourlanty