L’AVIS DE MEDIAFILM

Quelle mouche a piqué Damien Chazelle? Pourquoi le célébré réalisateur de WHIPLASH, LA LA LAND et FIRST MAN sent-il maintenant le besoin de mordre la main qui le nourrit? Que veut-il nous dire avec cette farce superficielle sur le Hollywood décadent des années 1920, qui se conclut sur un hommage ambigu au cinéma? Le cinéaste semble avoir voulu mettre à l'épreuve l'endurance du spectateur, obligé de subir pendant plus de trois heures une succession de provocations puériles à l'humour rance, culminant sur une séquence grotesque aux allures de musée des horreurs. Pas étonnant que les moments qui se voudraient émouvants détonnent et sonnent faux. La mise en scène est certes extravagante, mais elle tourne rapidement à vide, avec ses effets superflus. Et si Chazelle dénonce avec une délicieuse absurdité la pratique raciste du "black face", ses références à SINGIN' IN THE RAIN (également sur le thème du passage au parlant) apparaissent bien moins subtiles. Aux prises avec des personnages inintéressants, voire désagréables, Brad Pitt et Margot Robbie s'en sortent plutôt bien. Le terne Diego Calva, dans le rôle principal, n'a pas eu la même veine.

Texte : Louis-Paul Rioux