L’AVIS DE MEDIAFILM

À la fois tragédie grecque, drame shakespearien et manga à saveur de film noir, OLDBOY résiste pourtant à ces étiquettes. Les scènes de violence y sont traitées de manière stylisée et parfois humoristique, tandis que le ton, souvent grave, donne à l'ensemble des allures de drame existentialiste. Ce film au caractère impétueux et aux revirements imprévisibles explore de manière singulière le thème de la vengeance, montrant, avec force détails, ses conséquences funestes. Bien que cette dimension philosophique s'efface à l'occasion devant les morceaux de bravoure, certains d'un goût douteux (le personnage principal dévore un calmar vivant) ou d'autres absurdes (une longue bagarre en plan-séquence où le protagoniste affronte une multitude d'adversaires), ce délire contrôlé ne manque ni de tonus, ni d'audace. Le spectateur est d'ailleurs plongé dans une envoûtante confusion, le cinéaste épousant le regard de cet homme qui ignore de quoi on l'accuse, et qui découvre peu à peu la portée véritable de ses fautes, passées et présentes. Dans une performance à couper le souffle, jouant autant les cabotins que les kamikazes, Choi Min-Sik force l'admiration dans la peau (souvent mutilée!) de ce personnage excessif.

Texte : André Lavoie