Fr. 1995. Drame psychologique de Claude Chabrol avec Sandrine Bonnaire, Isabelle Huppert, Jacqueline Bisset. Une jeune domestique analphabète se lie d'amitié avec une postière délurée qui l'entraîne à se rebeller contre ses employeurs. Étude précise des rapports de classe, adaptée d'un roman de Ruth Rendell. Sujet traité avec un détachement troublant. Mise en scène très maîtrisée. Interprétation brillante des deux vedettes.
Une jeune domestique analphabète se lie d'amitié avec une postière délurée qui l'entraîne à se rebeller contre ses employeurs. Étude précise des rapports de classe, adaptée d'un roman de Ruth Rendell. Sujet traité avec un détachement troublant. Mise en scène très maîtrisée. Interprétation brillante des deux vedettes.
Claude Chabrol est réputé pour ses charges corrosives contre la bourgeoisie. On connaît également son penchant pour les personnages de femmes marginales, victimes antipathiques d'une société qui les renvoie à leur différence. LA CÉRÉMONIE emprunte ces deux tangentes, explorant avec une précision d'entomologiste les rapports de classe tels que vécus par deux femmes. Maîtrisée, raffinée et d'une déconcertante vérité, la mise en scène privilégie le recul, n'avançant qu'à distance respectueuse dans les deux univers parallèles qu'elle dépeint afin de mieux explorer les stéréotypes sociaux. Le quotidien des Lelièvre, l'impuissance de Sophie, les impertinences de Jeanne, Chabrol les filme avec un égal détachement, créant un climat trouble soutenu par la belle musique de Matthieu Chabrol. L'absence d'empathie pour les personnages autorise par ailleurs le réalisateur à plonger vers une inéluctable conclusion, mise à mort sordide et exutoire, qui libère chaque personnage de son fardeau social. Au centre d'une impeccable distribution, Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert relèvent avec brio un défi de taille.
Texte : Martin Bilodeau